Racisme anti-noir et suprématie blanche au Québec: déceler le mythe de la démocratie raciale dans l’écriture de l’histoire nationale

Racisme anti-noir et suprématie blanche au Québec: déceler le mythe de la démocratie raciale dans l’écriture de l’histoire nationale

  • Auteur(e): Geneviève Dorais
  • Dossier: Hors-dossier
  • Type: Idées

Extrait

La polémique de l’été 2018 entourant le spectacle SLÂV aura plongé le Québec au cœur de ses contradictions les plus flagrantes, et certainement les plus dérangeantes, sur la question de la présence noire (de la non-présence noire, selon plusieurs) dans les champs mémoriels de la société québécoise. Cet épisode a révélé, une fois de plus, à quel point les Québécois.e.s de la majorité blanche continuent de se complaire au sein du discours public dominant, comme dans plusieurs milieux universitaires francophones d’ailleurs, dans un schéma narratif qui célèbre l’exceptionnalisme bienveillant de la nation et du passé québécois[i]. Selon les modalités de ce schéma narratif, le Québec aurait échappé — Dieu merci ! — à la violence du racisme anti-noir qui structure l’ensemble des sociétés américaines modernes. Comme l’écrit l’anthropologue Émilie Nicolas, « l’on préfère [au Québec], la plupart du temps, s’imaginer que la race est un concept qui n’a pas eu une incidence sur notre histoire, mais seulement sur celle des États-Unis[ii] ».

 

Note infrapaginales

[i] Quelques semaines avant que nous envoyions cet article sous presse, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a formellement reconnu l’existence du racisme systémique à la suite de la publication du rapport de l’Office de consultation publique de Montréal (juin 2020). Dans la foulée des manifestations mondiales contre le racisme anti-noir de l’été 2020, une prise de conscience du phénomène du racisme systémique semble être en cours au sein de certaines institutions québécoises et de médias populaires également. François Cardinal, « Discrimination systémique : une évolution (trop) tranquille », La Presse, le 13 juin 2020.

[ii] Émilie Nicolas, « Maîtres chez l’Autre », Liberté : Art & Politique, n326, hiver 2020, p. 42-46.

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