Compromis, religion et démocratie

Compromis, religion et démocratie

  • Auteur(e): Daniel Weinstock
  • Dossier: La laïcité au Québec et en France
  • Type: Article

Extrait

Selon les représentants du courant dominant de la philosophie politique anglo-saxonne de l’après-guerre, le tribunal, plutôt que l’arène démocratique, est le lieu privilégié de la raison publique. Les citoyens d’une démocratie seraient, selon cette vision des choses, principalement motivés par leurs intérêts et par leurs passions, plutôt que par une vision du bien commun et des droits de leurs concitoyens. Le mode d’élection des représentants en démocratie ferait en sorte que ces derniers ne puissent faire autrement que de refléter ces intérêts et passions. Resteraient les tribunaux et les cours de justice, chargés de faire respecter les valeurs et les normes enchâssées dans les constitutions et les chartes de droits, comme seules instances capables de faire valoir une raison qui serait véritablement publique. N’étant pas élus directement, les juges disposeraient de la marge de manœuvre adéquate pour adopter le recul nécessaire face aux passions populaires. Ils seraient les purs véhicules des principes abstraits et rationnels qu’incarneraient les constitutions des démocraties libérales. En rendant toute législation sujette à la révision juridique, les citoyens d'une démocratie libérale exprimeraient leur volonté d'être gouvernés en ultime mesure par la raison plutôt que par la passion.

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