Les mutations de la laïcité française : une approche cognitive

Les mutations de la laïcité française : une approche cognitive

  • Auteur(e): Philippe Portier
  • Dossier: La laïcité au Québec et en France
  • Type: Article

Extrait

« Nous sommes tous laïques ». Cette remarque d’Émile Poulat renvoie à ce qui constitue le fonds commun des sociétés démocratiques d’Occident : elles se sont toutes établies, entre le XVIIIe et le XXe siècles, sur l’assise d’une séparation inédite d’avec la normativité religieuse. Jusqu’à son entrée dans la modernité, l’Occident inscrit le commandement gouvernemental dans la sphère de la transcendance. Institué par Dieu, le prince reçoit mission de transcrire dans le droit positif les préceptes de la loi divine-naturelle. Il s’agit pour lui, qui agit en coopération avec la religion d’État, de conduire les êtres sur le chemin de leur salut. La grande fracture de 1789, en France, abolit cette intelligence des choses. Situant l’origine du pouvoir dans le peuple lui-même, les sociétés donnent alors à la loi une fonction purement immanente, celle d’assurer désormais la paisible coexistence des autonomies individuelles. Dans ce cadre conçu pour rendre possible une pluralité de fins légitimes, la croyance religieuse ne disparaît pas. Elle est même puissamment garantie. On entend simplement qu’elle « ne vienne plus déterminer les règles formelles de la vie en commun ». 

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