D’une négation à l’autre

D’une négation à l’autre

  • Auteur(e): Jean Roy
  • Dossier: Hors-dossier
  • Type: Article

Extrait

La négation historienne de la nation québécoise s’inscrit à l’intérieur d’une négation plus vaste et plus radicale, la négation politico-juridique opérée par le Canada act de 1982, point culminant du nation building canadien, engagé dans une compétition identitaire contre une autre construction nationale, non moins légitime, mais doublement fragilisée lorsque la négation historienne vient relayer et conforter la négation globale de la partie adverse. La refondation anhistorique du Canada trouve alors une complicité inespérée dans l’écriture de ceux qui, professionnellement, contribuent à donner forme et sens à notre mémoire, donc à notre identité elle-même. Au fond, mémoire et identité ne font qu’un car perdre la mémoire équivaut à perdre son identité. L’identité, individuelle et collective, est toujours narrative : je suis, nous sommes l’histoire que nous nous racontons à nous-mêmes. C’est le récit que nous faisons de nos actes et de nos expériences qui assure la continuité et la cohésion de notre histoire. C’est ce récit qui conjugue dans une même trame changement et permanence, la permanence d’un sujet, ou pour parler comme Ricœur, d'une identité ipse, l'ipséité d'une communauté.

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