Astrid von Busekist, La religion au tribunal. Essai sur le délibéralisme, Paris, Albin-Michel, coll. «Humanités politiques», 2023, 384 p.

Astrid von Busekist, La religion au tribunal. Essai sur le délibéralisme, Paris, Albin-Michel, coll. «Humanités politiques», 2023, 384 p.

  • Auteur(e): Georges Mercier
  • Dossier: Hors-dossier
  • Type: Compte rendu

Extrait

Dans un article-fleuve paru en 1997 [1], le théoricien du droit Stanley Fish déclarait impossible la détermination théorique de la juste frontière entre l’État et l’Église. De la difficile extension lockéenne de la tolérance aux athées et aux catholiques à cette myriade de tentatives de résolutions heureuses fleurissant dans la «philosophie libérale de la religion», Fish retrouvait le même problème fondamental de l’incompatibilité théorique des ordres normatifs : les commandements de l’Église et de l’État sont foncièrement hétérogènes. Pourtant, là où le libéralisme s’érige sur la reconnaissance d’une pluralité réelle de ces ordres normatifs, et qu’il reconnaît généralement — à la manière de John Rawls et de ceux, nombreux, qui l’ont suivi — l’impossibilité de trancher en toute neutralité entre différentes «doctrines compréhensives du Bien», la plupart des philosophes libéraux de la religion finissent par proposer un principe prétendant faire exactement cela: résoudre l’incompatibilité normative préalablement posée, ne pensons ici, par exemple, qu’au principe de «respect mutuel» théorisé par Amy Gutman et Dennis Thompson [2].

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