De la mémoire à l’histoire :  les Révolutions tranquilles au Québec, au Canada et à l’international

De la mémoire à l’histoire : les Révolutions tranquilles au Québec, au Canada et à l’international

La Révolution tranquille est une période phare de l’histoire récente du Québec qui continue d’alimenter les réflexions des chercheurs et spécialistes en sciences humaines. Souvent associée aux grandes réformes mises de l’avant par le gouvernement libéral de Jean Lesage entre 1960 et 1966 et à leurs impacts sur l’évolution socioéconomique et culturelle du Québec, la Révolution tranquille se conçoit de plus en plus telle une matrice reconfigurant en profondeur les paramètres du vivre-ensemble de la société québécoise entre la fin des années 1950 et le début des années 1980. Objet de mémoire, la Révolution tranquille est devenue progressivement un objet d’histoire, étant donné la distance historique qui nous sépare de celle-ci et qui nous permet de jeter un nouvel éclairage sur ses tenants et aboutissants.  

S’il est souvent associé au cadre du Québec, le concept de « révolution tranquille » peut tout aussi faire référence aux bouleversements socioéconomiques, politiques et culturels qui transforment les sociétés occidentales durant la seconde moitié du 20e siècle. Les communautés acadiennes, les francophonies minoritaires au Canada, la société canadienne-anglaise, mais également plusieurs nations occidentales tant en Europe qu’en Amérique du Nord vivent elles aussi de profondes mutations qui, même si elles ne revêtent pas toujours le caractère nationaliste associé au cas québécois, en viennent à restructurer les fondements de leur vie en collectivité. Or, l’absence d’une réelle perspective comparative nous prive actuellement d’une interprétation pluraliste associée à l’idée de Révolution tranquille, étendue à un ensemble géographique et culturel plus vaste que celui du Québec.

Et pourtant, l’historiographie récente témoigne des nouvelles approches interprétatives et méthodologiques des historiens francophones et anglophones. Dans le champ de la nouvelle histoire politique plus particulièrement, qui s’inspire des méthodologies et réflexions épistémologiques de l’histoire culturelle, de la science politique, de la sociologie et de l’anthropologie, les recherches portant sur la période des sixties ont notamment permis de mettre à jour les connaissances relatives à la culture politique, à la prise de parole citoyenne et au rôle de la science comme moteur du développement socioéconomique, entre autres. Néanmoins, malgré ces avancées, certains phénomènes et processus associés aux révolutions tranquilles demandent encore à être mieux explicités. Pensons notamment à l’histoire de ces acteurs des marges, absents des banquettes des assemblées nationales. Pensons aussi aux nouvelles régulations sociales qui se mettent en place dans le contexte du déploiement de l’Étatprovidence dans les années d’après-guerre, et particulièrement dans les 1960 et 1970. Il en va de même pour l’histoire politique « genrée » et de la conception du politique chez les femmes, qui invitent à revoir le récit dominant de la Révolution tranquille au Québec.

Le colloque De la mémoire à l’histoire : les Révolutions tranquilles au Québec, au Canada et à l’international se veut donc l’occasion de mettre en valeur, dans un cadre pluridisciplinaire, les recherches effectuées par des spécialistes en sciences humaines portant sur la période associée à la « longue » Révolution tranquille au Québec et aux révolutions tranquilles ailleurs au Canada comme à l’international. Plus précisément, les organisateurs du colloque souhaitent mettre de l’avant trois axes de recherche en vue d’élargir la portée et la valeur heuristique du concept de Révolution tranquille :

  1. la Révolution tranquille québécoise;
  2. les Quiet Revolutions ailleurs dans le monde, y compris au Canada anglais;
  3. les bouleversements vécus par les francophonies canadiennes, de même que leur rapport avec le Québec des années 1960 et 1970.

Ces trois axes pourront être abordés via cinq démarches principales, lesquelles permettront de faire le point sur l’état des connaissances scientifiques :

  1. les schémas interprétatifs et comparatifs;
  2. les nouveaux objets d’études;
  3. les débats historiographiques;
  4. les enjeux de mémoires;
  5. les enjeux méthodologiques.

Plus largement, les contributions pourront également toucher les thématiques (non exhaustives) suivantes :

 

Présidé par Jean-Philippe Carlos (chercheur postdoctoral, Université York) et Stéphane Savard (professeur, Université du Québec à Montréal), le colloque aura lieu à l’Université du Québec à Montréal les 11 et 12 novembre 2021. En cas de restrictions sanitaires liées à la COVID-19, le colloque prendra toutefois une forme hybride (en ligne et en présentiel) ou entièrement en ligne.

Les personnes intéressées à participer au colloque devront fournir, avant le 1er décembre 2020, un résumé d’environ 250 mots comprenant un titre et les principales sections qui seront développées durant la communication. Elles devront également soumettre une notice biographique (7-8 lignes) précisant leurs coordonnées, leur affiliation institutionnelle, leur domaine de spécialisation ainsi qu’une liste de publications. Les dossiers de propositions doivent être envoyés à l’adresse courriel Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. afin d’être évalués par le comité scientifique. Il est à noter que les propositions et les communications pourront se faire en français ou en anglais.

Le colloque sera suivi de la publication d’un ouvrage collectif ou d’un dossier thématique de revue savante. À cet effet, les participant.e.s devront soumettre la version définitive de leur texte au plus tard le 1er février 2022, pour une publication qui aura lieu en 2022. Le texte devra compter entre 6 500 et 8000 mots au maximum (notes incluses).

Le comité organisateur du colloque effectuera des demandes de subventions pour la tenue du colloque afin d’être en mesure de rembourser, le cas échéant, les frais de déplacement et d’hébergement des conférencièr.e.s qui résident à l’extérieur de la région de Montréal. Les participant.e.s seront informé.e.s en temps et lieu des politiques de remboursement en vigueur. 

Les membres du Comité scientifique du colloque :

Jean-Philippe Carlos, Université York (coprésident)

Stéphane Savard, UQAM (coprésident)

Magda Fahrni, UQAM

Valérie Lapointe-Gagnon, Faculté Saint-Jean

Andréanne LeBrun, Université de Sherbrooke

Marcel Martel, Université York

Félix Mathieu, Universitat Pompeu Fabra-Barcelona

Martin Pâquet, Université Laval

Jean-Philippe Warren, Université Concordia